Utopies américaines. Expériences libertaires du 19ème siècle à nos jours
Une historique des communautés intentionnelles et milieux libres états-uniens depuis le début du 19ème, donc des communautés Owenistes et Warrenistes. Le propos de l'ouvrage est confus: on fait à la fois une historique, avec beaucoup de sources historiques, tout en faisant un certain travail de sociologie, mais en gardant une emphase sur une présentation historique sous la forme de tableaux. On ouvre dans le dernier chapitre sur les coops de travail, les coopératives de logement et les écovillages, alors que les coopératives de travail et de crédit en sol américain mériteraient leur propre historique d'une perspective anarchiste. De plus, on exclu les communauté intentionnelles qui ne sont pas explicitement anarchistes, tout en faisant une très large place à la pédagogie libertaire, qui s'éloigne quand même encore du propos. On ne voit donc pas clairement la méthode. Malgré tout, les illuminations sociologiques sont profondes, on traite de Mannheim (pour introduire le concept d'utopie), même si plusieurs références sont très situées dans le début des années 2000, Hakim Bey et John Zerzan par exemple.
Des intuitions sociologiques sont intéressantes et s'inscrivent dans la filiation des réflexions présentées ici. Entre autres, il arrive à la conclusion que de taxer ces expériences d'échec juste parce que ca a pas un but expansionniste, c'est de plaquer les catégories capitalistes sur des projets non-capitaliste (p. 302), et que: "De façon plus générale, comme il n'existe aucune étude sur la transmission et le rayonnement de la pratique utopique, on présuppose que ses effets sont nuls." (p. 303). Il conclut même plus loin que "c'est dans se climat dit utopiste, prétendument coupé du réel, considéré contradictoirement comme une évasion de la société et comme une immixtion indue dans le mouvement ouvrier, qu'on fermenté, aux États-Unis entre autres, les expériences éducatives les plus intéressantes, les mouvements pour l'abolition de l'esclavage et les plus importants courants de libération sociale" (p. 310).