Misères du présent, richesse du possible

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Référence[modifier]

Gorz, André, 1997, Misère du présent, richesse du possible, Galilée, Paris.

Thèses et questions de recherche[modifier]

Question de recherche[modifier]

Méthodologie[modifier]

Arguments et concepts[modifier]

L'introduction, ca défini c'est quoi le travail, comment ca se distingue des autres activités productives. Ca parle du découpage sud-nord, mais de manière un peu superficielle. En général, la sociologie du travail tend à ignorer que les dynamiques nord-américaine et europénnes ne sont pas semblables à ce qui se passe par exemple à Taiwan, où le travail d'usine est très répandu (c'est aussi mentionné dans la Conquête du pain de Kropotkine). Je pense que c'est pire que les ouvrages qui oublient de situer, parce que l'auteur mentionne que le chômage touche aussi le sud global. Est-ce qu'il veut dire que les dynamiques vécues en occident correspondent à celles du sud global? Bref, c'est de la philo, c'est fuyant, mais au moins on pose des définitions.

Le chapitre un, décrit 6 aspects importants de la situation au tournant du 21ème siècle. 1) La déreglementation est présentée comme une réponse au soulèvement populaires des années 60s. 2) L'exode des capitaux est présentée ensuite, où on montre que les entreprises vont shipper la production dans le sud. On est loin de David Harvey (voir Limits to Capital[1]) on reste en surface, on aborde pas les contradictions liées à délocalisation. On parle de l'économie informationnelle, mais en même temps, on oublie un peu David Noble qui pointent que l'économie informationnelle, c'est surtout mis en place à des fins de contrôle. 3) L'érosion des états dans le contexte de globalisation. On parle de la "réduction des dépenses publiques" et de la "baisse des salaires" imposées par l'OMC-FMI, et etc. Il semble que le Capital a toujours besoins des états, et les états ont continué de grossir, et même que les états ont eux-même mis en place les conditions de possibilité de l'émergence du FMI et de l'OMC. L'État a trouvé des nouvelles stratégies pour garder son pouvoir, il n'a jamais perdu de taille (comme cet exemple en santé). 4) Le blame à la mondialisation. L'état et le capital en ont profité plusqu'à leur tour puisque c'était la mondialisation pour fourrer des pauvres. 5) Le fait qu'il est possible de résister aux marchés financiers, par exemple avec la taxe Tobin. 6) La Chine ne va pas créer une demande sur les marchés suffisante pour nous tirer d'affaire. Mais y'a des statistiques, on voit que l'auteur se backe avec des chiffres, il y a définitivement peut-être un niveau de degré inférieur, mais quand même une certaine transformation du travail dans les pays du sud, mais les logiques ne sont pas nécessairement similaires. Bref on est un peu en avance sur les livres de socio de l'époque, mais on reste un peu sur les prénotions qui vont marquer les milieux de gauche.

Le chapitre deux amène les transformations du travail dans le contexte théorique précédent. Dans une première section, il est question de comment on fait pour accroitre la production quand a) les travailleur-euse-s ne veulent plus se faire plus exploiter et b) quand on ne peut augmenter la production globale. L'Ohnoisme est présenté, avec plus de détail que biens des auteurs le font. La deuxième section répond à mes préoccupation sur la nature répressive des évolutions techniques et présente une usine en Suède. La troisième section présente comment la mobilisation est devenue un enjeu central et agit comme une perte de contrôle supplémentaire dans le contexte de production. La quatrième section revient sur la vente de soi, rappellant que les formes d'organisation, comme l'autogestion, restent soumise au capital. Dans cette forme d'organisation, la mobilisation des travailleur-euse-s devient aussi importante, et aboutit à un marché des personnalité des travailleur-euse-s. La cinquième section est sur la réingénéerie et sur les façons par lesquelles le modèle Onhiste sous-traite pour garder les meilleurs emplois, alors que la pyramide de sous-traitants sous Toyota est de plus en plus taylorisée en allant vers le bas [2]. La sixième section touche au condition créée par une telle situation. En effet, un tel modèle réduisant drastiquement les emplois, et particulièrement les emplois stables à long terme, et donc, le travail est en train de devenir de plus en plus rare[3]. Les seul-e-s gagnant-e-s sont les travailleur-euse-s dans les secteurs de pointent, comme les avocat-e-s, les comptables et les informaticien-ne-s. La septième section explique qu'on est devenu tous précaire, et qu'il y a peu de structures qui pourraient nous aider à défendre nos droits collectifs, particulièrement dans le contexte de transnationalisation.

Le chapitre 3 amène 4 éléments, dont deux qui semblent pertinents pour notre analyse. La section 1 rapporte qu'il y a une perte du lien social, le travail comme sens n'intègre pas dans la société, j'ai pas mal rien à redire. La section 2, est vraiment intéressante, parce qu'elle montre que les gens s'identifient moins au travail. J'aurais tendance à ajouter que les biens matériels ne sont plus un symbôle de libération comme ils étaient auparavant. Il n'y a plus de sens à produire plus de biens matériels, parce que la planète brûle, le travail est de plus en plus contraint, et les objets construits répondent de moins en moins aux besoins des être humains. Déjà Bijker pointait dans les années 20s comment les ampoules favorisées par les entreprises étaient celles qui rapportaient le plus de fric, si bien qu'on a tué les néons pendant 50 ans (voir: Bijker, Of Bicycles, Bakelite and Bulbs). C'est quelque chose qui est pressenti dans l'imagination sociologique, quand au début il dit que les sciences pures semblent avoir atteint le paroxysme de leur potentiel de libération (Wright Mills, 1959, p. 15). Il va de soit que la production, où la part accaparée par l'occident, ne semble pas particulièrement à même de libérer de la nécessité. On pense par exemple au 100 000 emplois dans la finance à Montréal, à l'industrie du jeu vidéo ou de l'intelligence artificielle, on se sent mal de vouloir faire carrière. La section trois, explique que le travail ne sert plus la société, mais qu'au contraire, produit la société. La section 4 se termine en montrant la contradiction entre la socialisation et l'éducation. On parle de comment il faut créer de l'estime de soi pour les travailleur·euse·s, et comment cette formation est contradictoire avec les objectifs de marchés qui passent par la soumission aux normes. C'est intéressant, mais moins percutant que Bourdieu qui parle dans la reproduction de comment les probabilité et potentialités objectives (l'estime et la perception de soi, qui en croyant pouvoir réussir, appliquent dans des diplômes qui donnent accès à des postes de cadres). Ca l'implique une aménagement de classe, de couleur de peau, de genre de l'estime de soi, qui est différencié d'un bout à l'autre de la société. C'est particulièrement important dans le processus scolaire, parce que oui, les écoles dans les trous, leur but, c'est de dire au jeunes: "vous ne deviendrez pas astronaute, vous avez pensé à souder des muffler de char?", alors que les écoles privées, c'est l'inverse. Bref, oui, l'estime de soi, la contradiction, mais faudrait le contextualiser.

Ca fini sur une chapitre 4, qui amène des solutions. Ca évoque un programme de revendications et de réformes révolutionnaires, comme la réduction du temps de travail, la valorisation des coops et de l'autoproduction, la mise en place d'un revenu minimum garanti suffisant, etc. Bref, on est un peu dans la fabulation que les états vont nous donner ca si on le demande, et on voit pas à terme comment ca va être financé. Ca se base sur l'idée que le temps de travail n'est plus vraiment ce qui produit de la valeur, mais plutôt l'intelligence collective. Bref, même si on est pas trop pire ancré dans le réel au début de l'ouvrage, c'est assez clair qu'on tombe dans la fabulation que les "ordinateurs marchent tout seul" (z'avez vu les entrevues), que c'est "la fin du travail" (alors que le travail en santé, y'en manque pas), que l'automatisation va tout résoudre (ca reste basé sur le gaspillage, et les externalités environnementales explosent). Bref, pas très convaincant, pis on fait quoi, à part voter pour Lionel Jospin (c'est lui qui a amené la semaine de 35 heures en France) ?

Y'a un épilogue, qui rappelle pas mal le contenu du livre, suivi de deux digressions. La première, c'est juste pour dire que le communautarisme mène directement à l'excision, c'est pour ca qu'on a besoin d'un état (à ca y'a la réponse de Fischbach, dans le Sens du social). Y'a une phrase très claire: "La citoyenneté est disjointe de toute forme de particularisme: du point de vue national, ethnique, racial et religieux, l'État est neutre." (p. 192) La deuxième digression, c'est un truc sur Habermas, Touraine, Honneth pis le sujet et le sens. Ca fini en gros en disant "faudrait s'accaparer une part du temps de travail libérer par l'innovation technologique". Bravo, mais t'as eu 200 pages pour démontrer ca, pis toute ce que t'as trouvé à proposer c'est des réformes révolutionnaires qui ne seront jamais appliquées.

Commentaire[modifier]

Ca reste de la socio du travail, on dirait que c'est un travail qui sert à décrire les conditions objectives du travail à une période donnée, dans une zone géographique donnée [4]. L'auteur présente des sources intéressantes comme Poulot sur les gens qui évitent le travail. C'est là que tu te dis que plusieurs problématiques sont récurrentes dans l'histoire du travail, pis si la pénurie de main-d'oeuvre se continue sur 5-10 ans, on risque de voir suivre la socio du travail. C'est la même chose avec la dialectique nationalisme/libre-échange, comme on a vécu au tournant des années 2000s. C'est vraiment important de démêler les fils dans ce qu'on fait, parce que les dynamiques évoluent en parallèle.

Notes[modifier]

  1. Juste pour dire, Harvey parle que d'une dialectique entre les infrastructures de productions (ports, lignes de haute tension, routes, alouettes), et les salaires. Les travailleurs peuvent revendiquer des meilleurs salaires tant que ca revient pas moins cher de construire ces infrastructures ailleurs. Pis c'est en grande partie ce que fait l'état chinois, construire des barrages et faire des ports. Ca donne un rôle plus clair à l'État, et ca donne une base matérielle au logiques de délocalisation.
  2. Je ne sais pas si c'est le cas pour Toyota particulièrement, mais évidemment, les dynamiques de sous-traitances s'appliquent particulièrement dans le contexte où des emplois syndiqués dans les pays du nord sont concernés. Il serait intéressant d'aller voir les sources, mais c'est évident que le Japon a fourgué des emplois à la Corée et au Viet-Nam comme il le faisait dans ces années, parce que les travailleur-euse-s locaux commençaient à avoir beaucoup de droits. Bref, c'est bien fait, mais sa cache quand même des dynamiques d'inégalité salariale internationale, qui ont été radicalisées depuis peu, par exemple avec la ratification de l'ALÉNA en 1994.
  3. Ici, ca se peut que ca soit particulier dans le nord, mais c'est pas spécifié. Je crois que oui, c'est assez évident qu'on a perdu beaucoup de job de shops dans les 25-30 dernières années, on est toute rendu dans le tertiaire.
  4. même si on aimerait ca que ca définisse plus précisement la zone géographique en question et que ca soit plus précis