Contre le mythe autogestionnaire
Le texte rappelle l'importance d'armer le prolétariat. Par contre, c'est des prolétaires un peu psychorigides qui veulent qu'on suive leur ligne de parti.
Référence[modifier]
Des Prolétaires, 2009, Contre le mythe autogestionnaire, Zine trouvé sur internet.
Thèses et questions de recherche[modifier]
- Questions de recherche
- Pourquoi l'autogestion est un mythe récurrent chez les travailleur·euse·s.
- Objectif de la recherche
- Démontrer les faiblesses des stratégies autogestionnaires afin de créer un mouvement insurectionnel qui peut renverser l'état.
- Thèse centrale
- L'autogestion est un piège pour le prolétariat, l'insurection est le seul gage de liberté pour le peuple.
- Sous-thèses
- L'autogestion était promue par les syndicats lors de la guerre civile espagnole pour faciliter la mise en rang des travailleur·euse·s, en même temps que le désarmement des milices citoyennes. Bref, l'autogestion peut occuper les travailleur·euse·s alors qu'il·le·s devraient plutôt pousser pour étendre le mouvement.
- La LIP a été surreprésentée médiatiquement à la sortie de mai '68 et on a sous-estimé l'importance de l'absentéisme, du vol par les employé·e·s et des émeutes et de l'insurection.
- Dans les usines occupées d'Argentine en 2001, c'est la même chose, il y avait un mouvement social fort, les usines récupérée produisaient des biens difficiles à vendre, les usines étaient au bord de la faillite lorsqu'elles ont été reprises donc c'était pas jojo, et c'était compliqué de s'approprier la comptabilité et tout le reste.
- L'autogestion ne remet pas en cause l'échange au sein de l'économie capitaliste, reproduit les logiques marchandes et empêches la création de nouvelles institutions où tout serait à tou·te·s
- L'autogestion ne permet pas de sortir du travail.
- Méthodologie
- Hahaha, elle est bien bonne.
Arguments et concepts[modifier]
L'argument de loin le plus intéressant est celui qui se base sur le fait que la destruction des machines [1] est prioritaire dans un contexte insurectionnel, puisque la production se doit d'être réarticulée sur une base communiste soit par une autonomisation et une décentralisation de la production. C'est plus ou moins une critique des anarcho-communistes envers les anarcho-syndicalistes, qui voient dans la période post-insurectionnelle une fédération large des syndicats de travailleur·euse·s des espaces de production autogérés. Je n'ai malheureusement pas sous la main les débats entre Kropotine (anarcho-communiste) et les anarcho-syndicaliste.
Quand même, il reste que l'argumentaire est vieillot et basé sur des réappropriations d'usines comme si le plus gros employeur au Québec c'était pas l'État. Les arguments de Bookchin sur le Post-Scarcity Anarchism (l'anarchisme après la rareté, écrit à la fin des années 70s), viennent en tête. Ainsi, 1) il faut recadrer la production économique dans un contexte économique situé après une vague massive de délocalisation d'usines vers des pays ayant de moins bonnes condition de travail (j'appellerai ça le contexte post-industriel occidental), 2) il faut repenser la nature des secteurs d'autogestion, en pensant par exemple au nombre d'employé·e·s mobilisé·e·s et 3) ramener les difficultés de mobilisations dans le contexte post-industriel occidental, où le gros de notre confort vient de la domination économique des pays pauvres.
Dans le contexte de ces difficultés de mobilisation, le contrepoint de leur argument est que si on parle tant de l'autogestion, c'est peut-être pas seulement parce que ça arrange les bourgeois, mais peut-être aussi que les actions sont parlantes pour la plupart du monde et possèdent une valeur symbolique forte. C'est un facteur non-négligeable considérant que l'ennemi principal à abattre dans le contexte post-industriel occidental, c'est l'apathie généralisée.
De cette façon, servir des cafés, c'est pas comme d'être sur une chaîne de montage, il y a place à une plus grande autonomie décisionnelle sur les pratiques. C'est probablement pour ca que les aspects culturels des pratiques autogestionnaires, comme les espaces de réunions ne sont pas nécessairement pris en compte. La construction d'espaces collectifs n'est pas prise en compte non plus.
Par contre, après la révolution, est-ce qu'on va garder les camarades de pays du sud exploités à cueillir du café et du thé dans la montagnes pour qu'on se traine les feutres dans des restaurants de brunch? Si on veut vraiment détruire la centralisation capitaliste, l'internet doit partir, les antennes de cellulaires et autant que possible, les villes, en décentralisant de la production vers de l'agriculture autonome qui ne peut être recentralisée qu'avec, well, une réindustrialisation massive. Déjà dans les années 1930, les fils de télégraphes étaient arrachés dans les insurections et utilisés pour bloquer les charges de cavalerie [2]. Toutefois, c'est l'argumentaire de Harvey que les crises économiques servent à détruire du capital. En effet, en ramenant une partie de la population à l'age de pierre, on crée un potentiel re-colonisation si on touche pas au capital global.
Le texte dit qu'on ne sait pas ce qu'il va y avoir après la révolution, comme souvent les anarcho-communistes, parce qu'on a pas les instances de décisions nécessaires. Le débat à cet effet semble s'être arrêté en 1920 et je trouve que les écrits sur 1936 n'ont pas mené à des réflexions stratégiques larges. C'est une bonne problématique parce que paraitrait-il qu'à la révolution de 1917, les communistes empêchaient les paysans de couper les arbres des forêts avant qu'il·le·s aient fini le plan quinquennal [3]. Alors, non seulement ca permet de nous projeter dans l'avenir en tant que mouvement et en plus ca permet d'élaguer des réponses possibles à des débats qui sont tombés sous le tapis. De plus, entrer dans les solutions ca permet de réintégrer un questionnement sur le mouvement des arts et métier, parce que ca reste une alternative à la production industrielle qui était proposée.
Une autre critique qui pourrait être apportée est que la ligne défendue base l'action politique du mouvement anarchiste sur de larges consensus visant à définir des orientations collectives, plutôt que sur les actions collectives de plusieurs collectifs distincts. C'est l'éternel critique: "si les XYZ suivaient notre ligne on aurait déjà gagné". Toutefois, dans le feu de l'action, les collectifs font ce qu'il·le·s font et il faut plus souvent choisir entre des actions parfois déconnectées, mal pensées ou juste poche, ou rien du tout.
Un point fort, c'est de montrer l'utilité de l'autogestion dans les périodes insurectionnelles, qui tendent à renforcer mon point que la guerre de position de l'occupation d'espaces économiques est complémentaire à la guerre de mouvement contre le capitalisme. Toutefois, lorsqu'il est question du vol, du travail en perruque, des retards et de l'absentéisme, il ne mentionne pas les effets positifs sur les entreprises autogérées du secteur, qui deviennent plus compétitive vu l'absence de conflit de classe dans la gestion (ils auraient dit: "dus à la reproduction de la discipline inhérente au processus autogestionnaire".
Un argument intéressant est le fait mais est le débat à savoir si le problème principal du capitalisme est un problème d'organisation ou de redistribution. Il serait vraiment intéressant de ressortir la brochure sur l'autogestion qui avait eu une copublication Alternative Libertaire/NEFAC [4] - je me rappelle pas d'avoir lu), qui représentait quand même la perspective de certains anarcho-communistes, pour faire ressortir les contradictions avec les oeuvres de Kropotkine, dont je n'ai malheureusement pas de copie (mais si je ne m'abuse ca arrive à la fin du tome 1 de Ni dieu ni maître de Guérin, donc c'est accessible). Peut-être même fouiller la plateforme de Dielo Trouda[5]. Il mentionne que Rosa Luxembourg classifie les coopératives ouvrières comme du réformisme[6] .
Une partie de l'argumentaire est basée sur le fait que l'"Essence du capitalisme est la valorisation du capital par la production de marchandises dans le cadres d'unités productives autonomes" (p. 35), et "[c]'est le marché qui impose de plus en plus son despotisme et soumet le prolétariat à une exploitation sans cesse accrue". Ce qui n'est pas compris c'est que "[...] toucher un salaire implique un échange: ma force de travail contre le fric sans lequel je peux crever dans ce monde où l'argent est roi. Le salaire est infâmant de par son existence même [...]". Déplacer le lieu de l'exploitation dans l'échange, c'est ce que Marx se tue à déconstruire dans le premier livre du capital. Même Marx lui-même est moins orthodoxe: "Pour ce qui est des coopératives ouvrières [...] les travailleurs sont leur propre capitaliste, c'est-à-dire qu'ils utilisent les moyens de production à la mise en valeur de leur propre travail." [7]. Mais bon, Marx ou Engels était pas mal excités, et n'avait pas la préoccupation de réorganiser l'économie autrement que par le transfert de la propriété des moyens de production aux travailleur·euse·s: "A un titre égal, les sociétés capitalistes par actions et les entreprises coopératives sont à considérer comme des formes de transitions entre le mode de production capitaliste et le système d'association [...]". [8]
Références[modifier]
- ↑ https://www.youtube.com/watch?v=MT5O6QjiGR4
- ↑ Behan, Tom, 2003, The Resistible Rise Of Benito Mussolini, New York, Bookmarks.
- ↑ c'était attribué à Emma Goldman dans une conversation de bar que j'ai eu, mais j'ai pas la citation
- ↑ https://boutique.unioncommunistelibertaire.org/livres/122-l-autogestion-une-idee-toujours-neuve-9782914933223.html
- ↑ https://archivesrevolutionnaires.com/2020/10/10/plateforme-dorganisation-des-communistes-libertaires-1926/
- ↑ https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1898/r_ou_r2_2.html
- ↑ (Marx, K., Engels, F., 2011, Le capital, Livre 3, Paris, Folio Essai, Traduction de Rubel, p. 1740)
- ↑ Ibid, p. 1741