Sortir de la cage productiviste : faire la révolution en préfigurant des alternatives conviviales, autonomes et économes

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Référence: Kruzynski, Anna, « Sortir de la cage productiviste : faire la révolution en préfigurant des alternatives conviviales, autonomes et économes », dans Serge Mongeau (dir), Objecteurs de croissance : Pour sortir de l’impasse, la décroissance, Montréal, Écosociété, 2007 : 97-107 (version pdf accessible en ligne)

Thèse centrale :

les nombreuses (autour de 150) initiatives autonomes d’économie alternative répertoriées par l’autrice contribuent quant à elle à la préfiguration d’un monde anticapitaliste et égalitaire: « Ces réformes sont révolutionnaires de par leur refus de passer par l’intermédiaire de l’État, de par leur volonté d’abolir les frontières qui séparent artificiellement les étapes de la production-consommation, de par leur organisation volontairement économe, de par leur prise de décisions collective, de par leur souci pour la décolonisation de l’imaginaire, de par leur expérimentation de mécanismes concrets pour construire des rapports humains égalitaires » (p. 5)

Sous-thèses :

« Selon cette analyse, toute tentative de réformer les politiques étatiques, de prôner un capitalisme vert ou un développement durable est vouée à l’échec. Mais le projet de la décroissance est plus qu’anticapitaliste, il est anti-productiviste ; car il ne suffit pas de remettre en cause le capitalisme, mais toute société de croissance, tout système qui dépend de l’exploitation de la nature pour répondre à la demande. » (p. 1) « dans la conjoncture actuelle, dans ce pays enrichi et surdéveloppé, je suis de l’avis que nous devons continuer de combattre, par l’action directe, les instruments et institutions du système de domination en place, tout en créant des espaces de préfiguration de ce que pourrait être la société souhaitée, à petite échelle et autonomes, selon des valeurs d’association volontaire, d’aide mutuelle, de démocratie directe, d’élimination des rapports de domination et d’autogestion. » (p. 2) Méthodologie:

Arguments et concepts

Des alternatives conviviales, autonomes et économes

Le CRAC (Collectif de recherche sur l’autonomie collective) a répertorié près de 150 « initiatives mises en place par des groupes antiautoritaires, anticapitalistes et autonomistes » au Québec (p. 2) Selon l’autrice, « les militantEs impliquéEs dans ces initiatives émergentes produisent, distribuent et consomment en tentant de briser avec la logique productiviste. Les frontières entre producteur et consommateur sont floues, il y a un souci pour la réutilisation et le recyclage, les projets sont enracinés dans la vie des gens, les formes organisationnelles choisies sont basées sur l’auto-organisation et le consensus, des efforts sont faits pour décoloniser l’imaginaire et des mécanismes sont mis en place pour transformer les rapports de domination» (p.2). Ces initiatives s’inscrivent par ailleurs dans ce que l’autrice qualifie de tendance Do-it-yourself : « des formes d’action directe, des actions qui ne dépendent pas d’un intermédiaire - que ce soit le gouvernement ou les médias de masse - pour avoir des résultats. On se donne les moyens de faire collectivement ce dont on a besoin » (p.3)

des mécanismes pour construire des rapports égalitaires

La grande majorité de ces organisations se dotent de mécanismes formels et informels afin d’adresser les rapports inégalitaires qui peuvent exister au sein des groupes. Par exemple, certains groupes vont s’inspirer des pratiques féministes en adoptant des mécanismes pour favoriser l’alternance homme-femme et premier tour- deuxième tour afin d’équilibrer les tours de paroles, permettre des moments de caucus en non-mixité afin de favoriser la prise de parole dans des espaces plus sécuritaires (p . 4) L’autrice souligne à la fin de son article que de nombreuses initiatives autonomes ayant émergées suite à la révolution tranquille ont été récupérées par l’État, et qu’elles ont par le fait même perdues de leur autonomie. Elle affirme que les initiatives actuelles courrent le même risque, et que la tension entre la périnité des initiatives et leur autonomie est encore d’actualité (p. 5)

Conclusion critique

J’ai vraiment un problème avec l’utilisation du terme « décoloniser » dans un contexte où il n’est pas question de rapport colonial. Voir le texte de Tuck & Yang (2012) Decolonization is not a metaphore. Sinon, il serait vraiment intéressant d’investiguer les initiatives répertoriées par le CRAC pour voir de quelle manière ces collectifs arrivent à mettre en commun des ressources pour les communautés.