Les aventures de la marchandise
C'est vraiment l'ouvrage à lire avant de se tapper Postone. La première section explique la différence entre placer la contradiction principale du capitalisme entre le capital et le travail et la placer entre la valeur et la richesse matérielle. Je mélange sûrement du Postone en travers, mais quand tu postule que la contradiction est entre le capital et le travail, tu fais du travail une réalité transhistorique. En plus, ca te permet pas de comprendre que c'est la logique même de la valeur, le fait que le travail produise plus que ce qu'il consomme, qui est à la racine du problème, rendant potentiellement possible des solutions comme le communisme d'état. Finalement, ca écarte le rôle du travail abstrait dans la médiation de la production, c'est-à-dire que les travailleur·eue·s sont imbriqué dans des relations où l'échange est la seule façon de survivre et que leur travail ne vaut qu'en relation aux autres travaux tels que socialement constitué (eg: si tu fais du fil en amérique du nord, ca vaut quand même le prix du fil produit dans les fabriques de misères au Bengladesh), indépendamment de sa volonté. Tout ca en déplorant que des gens comme Althusser recommandent de ne pas lire la section sur la marchandise (section du capital), où ce trouve ces idées de travail et d'échange, en montrant des subtilités dans l'écriture qui expliquent pourquoi c'est pertinent. Bref, un super de bon résumé.
Le deuxième chapitre traite des conséquence sur le travail. Bof.
Le troisième chapitre parle de la crise. Mais c'est pas aussi détaillé qu'Harvey (Limits to Capital). Il tombe un peu dans l'économie informationnelle en disant que la valeur dans un logiciel se perd pas vite. Il passe un bout à que si les autogestionnaires ne font que reproduire la production de profit iels ne sortent pas du capitalisme. Pas trop intéressant pour le sujet.
Le quatrième chapitre fait l'histoire du capitalisme, en apportant des nuances relativement intéressante. Il ne connaît évidemment pas les marxistes canadien·ne·s et états-unien·ne·s (Sweezy, Meiksins Wood, etc) qui sont passé par là, pour suggérer une origine agraire. Il ramène Braudel, mais pas dans le sens où il est typiquement apporté (genre, le développement de l'échange). Il parle de Polanyi aussi, mais ne donne pas un rôle centrale à sa thèse sur Speenhamland. Je sais pas rendu là si la thèse de Meiksins Wood est plus intéressante ou intégrable avec celle de l'auteur. Bref, y'aurait des réflexions à faire sur ces questions.
Le cinquième chapitre est bon, il fait le lien avec les économies politiques parallèles et compatibles: Mauss, Polanyi, Sahlins, etc., mais en oubliant d'autres contributions: Clastres, Batailles, etc. Ca présente bien l'arguement de Clastres, non pas appliqué à l'État, mais à la production, disant que les société voulaient pas produire plus, parce qu'elles savaient que c'était "La part maudite".
La conclusion est que Negri/Hardt c'est d'la marde, il montre que des grands bouts de Bourdieu sont réformistes (je savais pas) et que Attac c'est d'la pisse, pis que la décroissance/Gorz c'est pas l'best. Bref, au moins c'est pas une fin fuyante, il dit juste qu'on est dans marde.
Généralement, les arguments sont pas pire bien faits, mais c'est pas aussi détaillé que ca pourrait l'être et ca pourrait être fortement amendé en ajoutant les contributions des auteur·trice·s anglais-es, états-unien-ne-s, canadien-ne-s pour faire quelque chose de consistant, et idéalement pas couvrir 5 axes compliqués dans un petit ouvrage.