Le capital, livre troisième
Juste quelques notes sur les traductions du livre 3 du capital. Plusieurs sites de marxologues avertissent de ne pas utiliser la version pléiades de Marx, ou l'édition Folio essais (voir http://www.palim-psao.fr/article-traduire-c-est-trahir-sur-les-traductions-a-utiliser-pour-lire-marx-118473952.html, https://d-meeus.be/marxisme/classiques/Capital-IIedit.html#CapIIfr1900 ou https://liremarx.noblogs.org/?p=2257#more-2257). Les remarques sur les différentes éditions sont plutôt vagues, et ne donne pas vraiment idée de la portée des changement. En effet, j'ai eu la chance de comparer un peut les deux, et certaines des choses faites par Rubel sont simplement injustifiable. Je n'ai malheureusement pas comparé avec l'édition des classiques des sciences sociales, qui elle est basée sur Borchardt et Vanderyyt (http://classiques.uqac.ca/classiques/Marx_karl/marx_karl.html). Il serait par contre possible de faire des tables de correspondance de page, pour au moins aider celleux qui veulent naviguer ces eaux houleuses. Ce qui semble le plus visible, c'est la structure des chapitres, mais ça va beaucoup beaucoup plus loin, et ça va dans le sens de faire passer le livre de Marx pour un livre terminé. Voici au moins 4 modifications importantes dans les derniers chapitres:
- L'ajout du titre Fragments à la page 2046 de l'édition Folio, alors que cette section est le chapitre 52 dans les éditions sociales
- Après ce début de chapitre, on trouve une section qui est tirée du milieu du chapitre 48 des Éditions Sociales, auquel on a mis le titre "en guise de conclusion". Ceci remplace la note de Engels qui dit "Ici se termine le Manuscrit".
- Si on va à la page 737 des éditions sociales, et à la page 1987 des éditions Folio, on peut voir que les paragraphes ne correspondent en rien. Le texte ne commence qu'à avoir une vague ressemblance au paragraphe 6 des éditions sociales, et au paragraphe 5 de la page 1990 (!) des éditions folios. Les notes éparses et confuses de Marx, transcrites telles quelles dans la traduction des éditions sociales sont devenues quelques pages, probablement pour faire passer le manuscrit comme un document fini. De la même façon dans ce même paragraphe, aux Éditions Sociales une note (Illisible, F.E.) pour signifier que le mot n'est pas lisible dans le manuscrit. Le sens de tout ca est aussi confus dans les deux versions.
- De la même façon, on note que le 2 au dessus de la section 2 a été déplacé de 3 paragraphes dans l'édition folio, et qu'à la fin du paragraphe se trouve effacé l'indication: "2.(Ici s'arrête le manuscrit - F.E.)."
- Certaines des notes de Engels sont toutefois conservées. Page 1237 de l'édition folio, on trouve la longue note de Engels qui dit que ce n'est qu'une petite partie des tableaux qui sont conservés. Sauf que dans une note à la page 1229, il est écrit nous omettons l'illustration concrète des exemples qui précèdent... c'est-à-dire qu'ils ont supprimé les tableaux. Ce chapitre comporte 5 sections dans la version des éditions sociales, la cinquième étant complètement sautée dans l'édition folio. Le point qui est fait dans cette section est absolument pas clair (il observe comment il se dégage du capital si le temps de circulation est réduit)... Pas étonnant que l'édition folio du livre 2 du capital ne fait que 368 pages.
Bref, dans l'édition Folio, on y trouve des paragraphes qui semblent écrits de toute pièce par Rubel, de même qu'un effacement des différentes notes laissées par Engels, qui servent à guider le lecteur au travers d'un manuscrit encore très difficile. Le pire dans tout ca, c'est qu'on est dans les ouvrages de Marx relativement officiels, pas dans les Grundrisse ou dans les Théories sur la Plus-Value. Ce qui est particulièrement décourageant, c'est que les traductions des Éditions Sociales sont chères et rares alors que les traductions anglophones sont dans le même état. Ainsi, même les éléments de base de la marxologie sont difficilement accessibles et l'accord tacite des marxologues d'utiliser les Éditions Sociales (par exemple les références dans la traduction française de l'ouvrage de Postone réfèrent toutes au texte des Éditions Sociales) amène une forte dépense, pour des textes qui ne sont pas accessibles sur Internet, alors qu'ils sont libre de droit depuis longtemps.