La part maudite

L'ouvrage part du fait que les sociétés structure la production autour d'une certaine destruction de la production: sacrifices humains (prétendument rapportés) chez les aztèques, la guerre, les usines dans la production capitaliste. En ce sens c'est un retournement rafraîchissant des perspectives d'économies politiques pour voir comment ca s'applique aujourd'hui, c'est-à-dire dans la reconstruction de l'Europe après la deuxième guerre.

Le lien avec l'objet de recherche est que l'informatique est une forme de gaspillage. Justement, pour Bataille, l'important c'est de trouver une fin pour gaspiller les ressources de la société, et comment on fait pour contrôler la production d'une majorité pour permettre le gaspillage d'une minorité. Ça rejoint donc William Morris dans le fait de qualifier la production de luxe comme du gaspillage. Ca ne fait pas de lien explicite à la valeur d'usage, mais c'est référé presque directement lorsqu'il dit qu'une classe se prive pour qu'une autre consume.

La compréhension de Bataille du capitalisme reste toutefois scrupuleusement marxiste au sens où la consommation de luxe est un frein à la croissance du capital: "Ce que l'on appelle "accumulation" signifie que de nombreux individus fortunés se refusèrent aux dépenses improductives d'un train de vie fastueux et employèrent leurs disponibilités à l'achat de moyens de production." (p. 128) Donc la consommation de luxe est toujours perçue comme marginale, et ne constitue pas une capacité constructive autonome. C'est conforme avec la vision de Marx, qui dénonce probablement le fait que dans le capitalisme: "Toute ce que le travailleur peut dépenser par-dessus le marché pour sa jouissance, soit matérielle soit intellectuelle, est consommation improductives" (capital, livre 1, p. 414).