L'âge de l'autogestion
L'auteur débute par une introduction qui présente 6 définitions de l'autogestion, pour finalement y aller d'une vision beaucoup plus ancrée dans sa téléologie, c'est-à-dire dans les formes que prendrait une société autogestionnaire. Il inscrit l'autogestion comme un tiers parti socialiste, distinct du communisme, en tentant de présenter des réponses théoriques aux débats actuels.
Dans une première section il adresse la question de la politique, en montrant que l'autogestion réhabilite le libéralisme politique, où la société civile a une plus large place. En entrant dans le débat Marx/Gramsci infrastructure/superstructure, il montre qu'un modèle autogestionnaire dépasserait les conceptions socialistes en permettant aux questions techniques de remonter jusqu'à la politique.
La section deux répond aux critiques de Meister sur l'entropie démocratique, c'est-à-dire que les coops vont toujours dégénérée vers un modèle centralisateur. Il refuse les réponses blâmant le contexte externe, en disant "Qui oserait soutenir que la dégénerescence des conseils dans l'URSS d'après 1917 s'explique principalement par l'encerclement des armées blanches?" Il refuse aussi de dire que c'est un affaiblissement moral des personnes, et pointe la nature moralisante des textes de Mao, entre autres. L'auteur rappelle alors que la démocratie du peuple, pour les communiste, c'est un chef qui décide en prenant en compte les besoins de la base. L'auteur refuse aussi les perspective de micro-démocratie telle que suggérée par le fédéralisme et le conseillisme. Il fait donc une liste de 6 critères qui permettent de limiter les écueils de la démocratie dans des organisations autogérées: la publicité du pouvoir (qu'il faut construire et politiser), l'autorité du pouvoir (qu'il faut essayer de réduire), la compétence (qu'il faut effacer), la direction (qu'il faut politiser), la dimension (qu'il faut garder en joue), et les lieux de pouvoir (qu'il faut diviser). Bref, l'auteur entre pas mal dans les débats de fond qui sont encore au coeur de la pratique autogestionnaire, en écorchant au passage les visions réductrices de ces débats.
La section trois est l'autogestion comme société d'expérimentation. Il dit que l'autogestion, en tentant de transitionner la démocratie à la base ne peut formuler un plan très clair. C'est donc une société d'expérimentation et on sort du modèle de la révolution, de la prise du pouvoir, etc., mais ca arriver à un truc réfo.
La section quatre traite de la dépropriation des moyens de pouvoir, c'est-à-dire parle de reprendre non-seulement les moyens de production, mais les moyens de pouvoir en général. Il parle de sortir de la vision d'une société ultimement déterminée par le travail et l'économie, en citant notamment bataille. Il parle que l'économisation de la société est un phénomène causé par le capitalisme, et le marxisme a célébrer le travail et la production, alors que [comme Tronti le disait|Ouvriers et capital], il faut se rappeler que le travail est un moment du capital. S'en suit une infinie tirade contre les nationalisation qui ne résolvent pas le problème du rapport de pouvoir dans les usines de Renault.
Une cinquième section parle de l'économie planifiée. C'est probablement le truc le plus riche en terme de réflexion, parce qu'il a lu Meister et Bettelheim et essaye de les remettre à leur place. Il part du fait qu'il y a eu des plans, mais que l'URSS a du avoir recours au prix, parce qu'il était impossible de tout calculer en temps de travail socialement nécessaire. L'impossibilité est pratique puisque le plan reste soumis à des rapports de force entre les différents groupes de producteur-trice-s. Il rapporte que les inégalité sont dues à la présence de moyens de production, un peu comme le présente Harvey dans Limits to Capital que c'est une contradiction, le capital a besoin de se déployer sur un territoire et qu'on peut pas déménager les chemins de fer.
Il faut donc décentraliser, ce qu'il fait à la section 6, mais l'auteur s'oppose à la logique centralisation/décentralisation parce qu'il faut centraliser le nécessaire et garder une réflexion politique sur la pertinence de centraliser les choses. Il ramène la question de la composition organique du capital (le début du livre 2 du capital, Sohn-Rethel, etc), qui force la soumission de la société au capital. Bref, c'est très riche comme critique encore une fois.
L'auteur fini avec une bibliographie.
C'est donc très court, mais très riche, les réflexions pertinentes sont là, même si c'est un peu plus théorique que ce que l'on dit.