Une coopérative boulangère repense la notion de rémunération

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Binctin, Barnabé, « Une coopérative boulangère repense la notion de rémunération », Silence, no 504, 2021 > https://www.revuesilence.net/numeros/504-Faut-il-vraiment-planter-des-arbres/une-cooperative-boulangere-repense-la-notion-de-remuneration

Expérimentation d’un salaire au besoin dans une boulangerie, à partir de la question que doit rémunérer le salaire : l’effort ou les conditions d’existence. À l’origine, la coopérative de travail versait un salaire strictement égal, plus des primes. Ce salaire était fixe mensuellement (indépendamment des heures travaillées). De même, les diverses tâches étaient également distribuées.

Organisation en autogestion, selon les principes de la sociocratie. Voir l’Université du Nous.

Lors de la réflexion sur la réforme à apporter au salaire, divers principes ont été discutés, lesquels devaient impliquer de hiérarchiser la valeur de la prestation. Incapable de trancher sur ces questions, surtout qu’elles mettaient à mal les valeurs des coopérant.es, « l’idée de renverser la perspective, en dissociant les tâches accomplies de la rémunération obtenue [a surgi]. Autrement dit, décorréler le salaire du travail, en ne se focalisant plus sur la production et l’activité exercée, mais plutôt sur les besoins revendiqués du ou de la salariée. Le nom en découle naturellement – le « salaire au besoin » – sans qu’il ne soit inspiré d’aucune théorie ou expérience particulière. » Expérimentation pendant 6 mois, à partir de règles produites in situ : chacun.e doit présenter le montant du salaire dont ille a besoin et les déterminants de ce montant ne devront pas être contestés. Postulat que les demandes seront raisonnables, puisque chacun.e se sent responsable de la viabilité de la coopérative (et puisque tout le monde fait sa part de tâches administratives…).

Pour couvrir les nouveaux salaires, l’entreprise a dû opter pour une stratégie de développement (accroissement de l’espace de ventes et extension des heures d’ouvertures / de travail, croissance de la production de pains). Le résultat fut une croissance du volume et du chiffre d’affaires. Le bilan de l’expérimentation s’avère mitigé, car l’augmentation du volume de production a entraîné une perte de qualité de vie au travail, tout aussi importante. Par ailleurs, le salaire au besoin n’est pas sans tension, précisément parce qu’il éloigne de la stricte égalité. Quel principe d’égalité adopter?

"Au gré des discussions et des témoignages, l’expérience dévoile, en creux, un enjeu plus profond : celui des « bonnes raisons », autrement dit des critères légitimes, sur lesquels doit reposer le principe de mutualisation qui fait le ciment de nos sociétés. Si le principe du salaire unique apparaît bel et bien séduisant pour ce qu’il incarne comme valeur d’égalité, le vécu commun de cette boulangerie raconte aussi qu’il ne permet pas certaines solidarités – en l’occurrence, à l’égard de l’âge et d’une situation familiale, mais il pourrait en être de même vis-à-vis de problématiques de santé ou de handicap. Alors, salaire unique versus salaire au besoin, et si la « vérité » était entre les deux ? En outre, il semble qu’il soit difficile de quantifier les besoins… surtout si l’on en juge à partir de critères subjectifs. Or, il me semble que les besoins devraient aussi être pensés d’un point de vue social et collectif."

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