Mutinous Eruptions: Autonomous Spaces of Radical Queer Activism

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Thèses et questions de recherche :

Objectif de la recherche :

L’article s’intéresse à une série d’espaces queers et autonomes ayant été organisés à Londres entre la fin des années 1990 et 2007. Ces espaces s’inscrivent dans une multitudes d’expériences alternatives inspirées par les réseaux anticapitalistes (Brown, 2007, 2685).

Dans cet article, le terme queer dépasse les définitions plus traditionnelles du terme, qui le limite à un terme parapluie incluant toutes les personnes de la diversité de genre et d’orientation sexuelle. En effet, l’auteur utilise le terme queer pour désigner une opposition à l’hétéronormativité, mais à l’homonormativité également. C’est-à-dire que

Queer celebrates gender and sexual fluidity and consciously blurs binaries. It is more of a relational process than a simple identity category (Heckert, 2004). It is infused with a creative, “do-it-yourself” (DIY) ethos that prefers thrift-shop drag over the latest designer labels (Hennan, 2004). Queer revels in its otherness, difference, and distance from mainstream society (gay or straight), even as it recognises that this distance is always incomplete. » (Brown, 2007, p. 2685)

Les espaces et les réseaux étudiés dans le cadre de cet article s’engagent dans des actions visant à libérer un potentiel pour des modes de vie et de socialisation durables, dans lesquelles les rapports sociaux ne sont pas médiés par l’argent, la consommation et les marchandises (Brown, 2007, p. 2686). Cet article s’intéresse notamment à l’importance des espaces queers et autonomes dans la construction d’une vison alternative de la vie queer urbaine (Brown, 2007, p. 2686).

Thèse centrale :

Selon l’auteur, le processus menant à l’expérimentation collective de la construction d’espaces autonomes est ultimement plus transformateur et empowering que les structures qui en émergent. C’est-à-dire que le potentiel émancipateur de ce genre d’initiative se situe principalement au niveau de son organisation (Brown, 2007, p. 2686)

Méthodologie :

Les réflexions de l’auteur émergent d’une part de l’analyse de documents publiés au sein du mouvement lui-même, de conversations avec des militant.es, et des observations de l’auteur, qui a été impliqué dans ce réseau de près ou de loin au cours des années étudiées dans l’article (Brown, 2007, p. 2686). L’auteur utilise le terme de participation observante, qui se distingue de l’observation participante, qui est généralement plus distante de l’objet. L’auteur considère que son implication active dans le mouvement lui donne un accès privilégié à certaines informations, facilitant une analyse à même de questionner les pratiques qui constituent ces espaces et réseaux militants (Brown, 2007, p. 2686).

Arguments et concepts

Selon Brown, ce qui caractérise ce réseau queer et anticapitaliste, au dela de sa dimension anti-assimilationiste et sex positive, est qu’ils s’inscrivent dans la mouvance anti-capitaliste. Celui-ci considère que dans un millieu gay dominé par la marchandise, dans lequel les gens consomment des produits et des expériences qui valident leur identité, les gens n’entrent plus en relation que dans un cadre capitaliste.

«  On a gay scene that is saturated by the commodity, in which people consume products and experiences that confirm their identity as gay, people no longer relate to each other as active participants in the creation of society, but as the owners (or not) of things that are divorced from the processes by which they came into being.(Brown, 2007, pp. 2686 et 2687)

Les « Queeruptors », un réseau auquel s’intéresse brown vise à mettre en place des initiatives collectives à petite échelle. Selon Brown, le fait de se positionner comme queer dans ce contexte est produit à travers l’expérience du travail collectif nécessaire à la création d’espaces plus libérateurs dans lesquels il est possible d’expérimenter une multiplicité de pratiques sexuelles et de genre (Brown, 2007, 2687). L’expérimentation collective de l’autonomie possède une valeur intrinsèque et instrumentale selon l’auteur, dans la mesure où elle permet aux personnes participantes, à travers l’expérience de la liberté, de prendre confiance en leur capacité, et permet aux individus d’adresser collectivement des problèmes sociaux et tenter d’y répondre. Les Queeruptors, dans cette perspective, reconnaissent l’importance que les moyens de lutter soient cohérent avec l’idéal qu’iels souhaitent voir naître. Ainsi, le travail collectif nécessaire à l’expérimentation d’alternative permet à la fois de renforcer cette vision alternative de la société, tout en renforçant les moyens à notre disposition pour y arriver (Brown, 2007, 2688).

L’une des limites de ce genre d’initiative identifiées par l’auteur, on retrouve entre-autres le danger de voir les expériences d’autonomie être cooptées et revalorisées à l’intérieur du marché capitaliste (comme il semble être le cas avec les queerupters dans les dernières années). Une autre des difficultés identifiées par l’auteur consiste à concilier l'implication d’individus provenant de différents milieux et vivant sous des contraintes différentes. Par exemple, l’auteur a observé qu’une majorité de personnes impliquées n’avaient pas de travail à temps plein, et organisaient régulièrement des ateliers dans les heures de travail de bureau, ce qui a créé des tensions, excluant de facto les personnes ayant un horaire de travail typique (Brown, 2007, p. 2688).

L’un des espaces autonome et queer mis en place par le réseau étudié a pris place dans les mobilisations plus larges pour la justice sociale et dans les réseaux anticapitalistes, parfois travaillant explicitement à titre de « queer bloc » et parfois sous la forme de groupes affinitaires travaillant avec d’autres groupes. Brown observe que contrairement à la division sexuelle du travail généralement observée dans les groupes militants, dans ce réseau queer, les femmes avaient tendance à être très actives dans les discussions politiques et dans les actions de nature plus confrontante, alors que les hommes allaient être davantage impliqués dans l’organisation d’activités de levées de fond et d’évenements sociaux visant à solidifier le réseau (Brown, 2007, pp. 2689-2690). Par exemple, dans le cadre d’une mobilisation anticapitaliste contre le G8, des membres du réseau Queeruptors ont mis en place un « queer barrio », c’est-à-dire un quartier queer dans le campement servant de lieu d’organisation aux mobilisations. Ce barrio visait à offrir un espace plus acceuillant aux personnes queer souhaitant participer aux actions, mais offrait également une cuisine qui servait à nourrir le campement dans son ensemble. Brown souligne que ces infrastructures vitales à tout mouvement social sont souvent une dimension ignorée du travail militant (Brown, 2007¸, 2690). L’auteur pose une distinction entre l’activisme plus « classique » qui consiste à participer à des actions de confrontation, qui sont très visibles, et le travail qui consiste à « construire le futur ». Il considère que ces deux formes d’activisme peuvent s’avérer empowering pour les gens qui les pratiquent, mais que la création d’espaces autonomes peut s’avérer plus transformatrice sur le long terme (Brown, 2007, 2691).

Une autre initiative du réseau Queeruptors étudiée par l’auteur s’inscrivait dans le cadre des activités de la fierté gaie, critiquée pour sa dimension marchande et dépolitisée. Les membres du réseau ont tout d’abord fait une action directe performative, laquelle tournait au ridicule l’évènement mainstream de la pride, pour lequel on doit payer pour entrer. Suite à cette action, les membres du réseau ont organisé, le soir de l'événement de la fierté, un espace gratuit et ouvert à tous.tes, juste à côté de l'événement maintream. Les membres du réseau ont par la suite invité les fêtard.es à se déplacer jusqu'à un squat, pour poursuivre la fête jusqu’aux petites heures. Selon Brown, l’organisation de ces différents espaces a permis à de nombreuses personnes d’expérimenter, d’apprendre de nouvelles pratiques, tout en offrant aux activistes un espace où se reposer et jouer ensemble, ce qu’il considère comme essentiel à la durabilité des luttes (Brown, 2007, 2693). L’organisation collective de ces espaces a permis d’expérimenter l’autonomie dans un contexte queer, facilitant à la fois des discussions politiques informelles ou sous la forme d’ateliers, mais surtout la mise en pratique de l’autonomie collective dans l’appropriation de ces espaces et de l’organisation du rassemblement (Brown, 2007, 2695). Brown considère que l’un des aspects les plus importants de ce genre d’initiative se situe dans sa capacité à stimuler l’attachement affectif, la créativité et la connectivité de ces réseaux . Par ailleurs, dans ces espaces queers et autonomes, de nombreuse pratiques s'inscrivent en opposition aux pratiques individualisantes du capitalisme, par exemple les cuisines collectives visant à nourrir un grand groupe de personnes, le partage de connaissances et de compétences, ainsi que la tentative de prendre en charge collectivement le bon déroulement des activités (Brown, 2007, 2696). Au final, c’est pratiques politiques permettent l’ouverture d’un espace discursif dans lequel des alternatives politiques et sociales deviennent plus accessibles (Brown, 2007, pp. 2696-2697)

The creation of these spaces is infused with a spirit of autonomy, a practical and political attempt to create alternative forms of sociality and mutual support in the here and now. These events and spaces unleash a plethora of engaged, creative, and communal activities that are seldom seen in contemporary society, and, as such, when tied to an explicitly anticapitalist politics, and to celebrations of queer exuberance, they can be deeply empowering. Ultimately, I believe it is these processes as much as (if not more than) the end product that is important. (Brown, 2007, 2697)

Conclusion critique

Cet article met en dialogue la littérature portant sur les squats et les pratiques autonomistes et celle portant sur les luttes queers. La littérature sur les squats porte généralement plus sur des initiatives européennes, probablement en grande partie parce que la pratique du squat est beaucoup plus répandue en Europe qu’en Amérique du Nord. C’est difficile de réfléchir à l'autonomie ici, parce qu’il est beaucoup plus difficile de s’approprier des espaces collectifs sans passer d’une manière où d’une autre par la propriété privée (collective ou non). Ainsi, il serait intéressant de réfléchir les pratiques d’appropriation collectives ici même, à savoir, malgré qu’elles aient tendance à être plus institutionnalisées, si elles contribuent à la construction d’alternatives collectives, et comment.