Socialisme et autogestion, l'expérience yougoslave

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Le texte permet de vraiment bien comprendre la politique communiste par en-dessous. En voyant comment l'autogestion est instrumentalisée par les communistes, ca permet de comprendre comment l'autogestion est instrumentalisée dans les sociétés capitalistes en relief.

En gros, en 1948 y'a la révolution en Yougoslavie, mais c'est pas trop décrit dans le livre, plusieurs tentatives de socialisation "forcées", mise en place de fermes sociales, etc. J'imagine que ca marche pas trop pour qu'en 1953, il-le-s (mais surtout Tito) déclare l'autogestion. Toutefois, c'est très partiel, parce que c'est l'autogestion des usines de plus de 5000 personnes. T'imagine le parti essayer de fixer des quotas de productions et faire du micro-management de tout ca? Gros bordel. Les petites shops pis les Tim Hortons verront pas la concentration du capital avant un bout, alors on laisse ca comme ca, le temps qu'on "résoude les problèmes". C'est pas mal dans le sous-texte que c'est intéressant de comparer aux stratégies anarchistes.

Essentiellement, il y a trois couches d'"autogestion", l'autogestion ouvrière (les usines), l'autogestion rurale (les fermes) et l'autogestion sociale (les écoles, les routes et les maisons) qui sont développées dans trois sections.

L'autogestion ouvrière décrit la tentative dans les usines. En gros, il reste des hiérarchies dans les usines, les salaires varient dans un rapport de 1:4, c'est quand même mieux que le Québec. Toutefois, le gros de l'étude se centre sur l'acceptabilité sociale de l'autogestion et essentiellement, ca passe. Il y a quand même une auto-exclusion des employé-e-s non-qualifié-e-s dans les structures de décisions. Le parti communiste est surreprésenté dans les commissions qui prennent des décisions intérimaires, comités d'usine, etc., mais il y a une forte concordance entre les intérêts du parti et les intérêts des prolétaires.

L'autogestion agricole, c'est là que le bat blesse, parce que c'est la faible productivité agricole qui empêche l'expansion du modèle ouvrier. Les autorités ont capé la possession des terres à 15 hectares, donc limité fortement les grands producteurs, sans nécessairement s'assurer que des gens aillent tous au moins 3 hectares, ce qui semble être la base. Bref, le gros de la population rurale est hors des circuits coopératifs (coopératives agricoles qui achètent la production et vendent des services, fermes sociales, etc). Les structures communales sont aussi noyeautées par les communistes, mais comme il y a moins de communistes dans les milieux paysans, la disproportion est très claire.

Finalement, l'autogestion sociale consiste à la gestion de l'éducation, de la culture etc. Le chapitre n'est long que de quelques pages et couvre l'Université Ouvrière et l'université Populaire ainsi que l'autogestion dans l'habitation. En gros, c'est toujours la crise du logement (beaucoup de logements détruit lors de la guerre) et le fait que plusieurs paysan-ne-s quittent leur terre pour venir en ville ca aide pas.

L'ouvrage se termine par une réflexion sur l'idéal socialiste et le modèle de développement. L'auteur rappelle que l'autogestion s'est faite par à coup. Il y a eu une phase d'administration, où le parti a fait un plan quinquennal en décidant les plans d'embauche pour toutes les entreprises et l'autogestion à été la réponse aux tendances de centralisation. Tito était le Maréchal, mais aussi le secrétaire du parti communiste, et comme l'auteur mentionne, de passer à une décision du chef du parti à un truc décentralisé, ca permet surtout de réduire les débats dans le parti, et le pouvoir reste dans les "bonnes mains". Dans le contexte particulier, en empêchant les individus de s'arroger des privilèges, les effets de compétitions se sont reproduits entre usines, les différentes usines s'organisant pour fixer les prix et autres pratiques douteuses, en plus de viser à augmenter au maximum les investissements dans leur région, peu importe le plan. Bref, en transférant la responsabilité du chef au parti, sans contraintes effectives, la discipline a foutu le camp pas mal!

L'autre truc rigolo, c'est que l'implication dans les conseils communaux, de production, alouette, c'est bénévole, et c'est des gens de la ligue communiste qui essayent de noyeauter tout ca. Certain-e-s militant-e-s auraient jusqu'à 21 postes, en plus de leur job. Et évidemment, c'est les vieux-vieilles pet-te-s qui ont fait la révolution en '45 qui se tappent ca, les jeunes aiment mieux lire des romans et suivre les déviations bourgeoises, et il-le-s voient pas trop comment ca va se résoudre.

Mais comme le dit l'auteur, le pays à fait son dévelopement économique capitaliste en 15 ans sans trop tuer de monde, c'est donc à des années lumières de nos économies. Mais ca vaut la peine de penser aux façons par lesquelles ont peut donner du pouvoir au monde dans la société et comment on fait pour que ce soit tout le monde qui participent dans des structures post-révolutionnaires, sauf en promettant du lunch.