Auto-exploitation

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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La notion d'exploitation est empruntée à l'économie politique marxienne. Elle désigne la part de la valeur générée par l'activité de travail salarié qui excède la part qui revient au salarié et ce alors que la totalité de valeur produite résulte de l'activité des salariés. La part en excès est approprié par l'employeur / le capitaliste / le détenteur des moyens de production (y compris le travail comme moyen et force de production). De nombreux débats portent sur la détermination de la part qui revient aux salariés. Marx affirme que cette part, adossée aux besoins sociaux, est ce qu'il en coûte pour reproduire la force de travail. C'est une norme sociale mais qui, selon Lordon (2010), est présentée comme une valeur substantielle. Cette substantialisation renvoie à l'heure comme référent de la valeur.

Quoique des décennies aient rongé cet os de la valeur, il nous semble que le partage de la valeur est moins substantiel que politique et qu'il découle de luttes sociales et des rapports de force qui s'y expriment. Lordon ne dit pas autrement lorsqu'il écrit: "Si exploitation il y a, elle est donc davantage du ressort d'une théorie politique de la capture que d'une théorie économique de la valeur" (Lordon, 2010: 153)

Mais alors, comment penser l'autoexploitation. Comment les salariés eux-mêmes peuvent-ils s'approprier ce qui est en fait le leur?

Lordon écrit encore que l'exploitation dévoile l'appropriation privative de la valeur par le capitalisme (Lordon, 2010: 153). Dans les coopératives, il s'agirait plutôt d'une appropriation collective et il n'y aurait à vrai dire pas d'exploitation. Cependant, les recherches menées sur les coopératives révèlent l'importance du contexte concurrentiel qui impose aux propriétaires collectifs des modes de gestion et de distribution allant à l'encontre de leur capacité de décider ensemble, de manière autonome, des directions de la valeur.

En ce sens, l'autoexploitation reflèterait l'asservissement aux contraintes structurelles qui imposent aux coopérants de s'attribuer une moindre valeur que ce qu'ils désirent, alors que la propriété collective les empêche d'exercer un rapport de force contre eux-mêmes.


Les dimensions à visiter:

  • Modes de propriété / détention des moyens de production: coopérative & subvention; les communs.
  • Capital des travailleurs (social, culturel, humain): des savoir faire acquis des expériences (de luttes) anarchistes. De départ / de sortie
  • Partage des moyens de production, de connaissance (savoir/pouvoir) DIY (autonomisation techno)
  • Pratiques stratégiques: retombées (mouvement, institutionnalisation c révolution; marché de niche alternative; expérimentation en acte; éducation populaire et avant-garde)
  • Finalités de l'activité (maintenir de l'emploi, du revenu, reproduire l'entreprise, redistribuer, répondre à un besoin de marché)
  • Accès aux moyens d'existence - DIY (autonomie et indépendance)
  • Formes: "travail" gratuit;
  • Regard critique: degré de démarchandisation; Cohérence/contradiction moyens/fins; activités inutiles/utiles (production, reproduction, contraintes de la nécessité / de la reproduction du capital)
  • Imaginaires. Quelle autonomie, quelle liberté, quelle abolition de quels rapports de domination? "Éthique" et attention.

Expérimentations en acte[modifier]

À mettre en contraste avec les tendances hype contemporaines.

[Analyse] le Rapport au travail[modifier]

Le travail a-t-il plus de valeur intrinsèque (le sens de l'activité et l'épanouissement de soi au travail; l'autogestion) ou extrinsèque (les conditions d'emploi et les retombées socio-politiques).

Réfléchir cet extrait de Kirouac:

"Or, ces deux dernières formes d’attachement [en parlant du travailleur masculin du régime fordiste et de l’importance accordée à la communauté ouvrière et à la dimension politico-syndicale des luttes à partir du travail] font référence à des registres d’activité qui, même s’ils dépendent foncièrement du travail, n’en sont pas moins détachés. De fait, la sociabilité ouvrière et l’action syndicale se développent à partir de logiques et de principes différents de ceux qu’objective et prolonge la réalité du travail marchand : rentabilité, rationalisation de la production, etc. D’ailleurs, il n’est pas rare que l’action syndicale et l’habitude de la sociabilité ouvrière soient rangées, au sein de la littérature, parmi les moyens de résistance à l’exploitation marchande : la première parce qu’elle promouvait des principes de justice et de partage de la richesse qui faisait contre-pied à la logique capitaliste des dirigeants, et la seconde parce qu’elle était fréquemment vécue comme une communauté de destin propice à la lutte pour une alternative politique au salariat ou, à tout le moins, pour l’amélioration des conditions de travail." (Kirouac, 2015 : 132)

Donc, si on trouvait de l'indifférence aux avantages pécuniaires du travail, pourrait-on interroger les vertus de cette indifférence en regard d'autres finalités que procure l'auto-exploitation?

Enjeux de la valeur[modifier]

Monnaie alternative: principe d'équivalence; heure de travail

Mise en contraste : le contexte contemporain =[modifier]

Critique artiste; Économie sociale et solidaire (Gorz, Castel)

  • Sous-traitance


définitions conceptuelles[modifier]

Autoexploitation:

Procès par lequel les travailleurs, travailleuses elleux-mêmes ne payent pas la valeur de leur prestation de travail.

Références[modifier]

Lordon, Frédéric, Capitalisme, désir et servitude, Paris, La fabrique, 2010