L’autogestion dans la société de l’information québécoise.

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Référence

S. (2012). L’autogestion dans la société de l’information québécoise. Centre de recherche sur les innovations sociales.

Thèses et questions de recherche

Question de recherche

[S']intéresser aux normes, aux formes et aux trajectoires organisationnelles de ces structures, ou pour le dire autrement à leurs principes, pratiques et évolution organisationnelles. (p. 56)

Objectif

[N]ous tenterons d’éclairer concrètement les opportunités et limites que l’autogestion rencontre dans le contexte de la société de l’information québécoise au regard du contexte français. Plus globalement, il s’agira de tirer tous les enseignements possibles dont sont porteuses ces pratiques alternatives pour la compréhension des phénomènes organisationnels et des processus d’innovation sociale. (p. 13)

Sous-thèses

Les trois coopératives comparées seront présentées sous les aspects des principes organisationnels, soit leurs liens avec l'autogestion et la société de l'information, des pratiques organisationnelles, soit la gouvernance et la structure, l'organisation du travail, la gestion des ressources humaines, les TICs et les relations externes et finalement l'évolution et les limites organisationnelles soit les limites organisationnelles, les limites humaines, les limites contextuelles et l'évolution dégénérative des coopératives.

Les thèses sont liées aux fait que le contexte québécois est différent du contexte français, ce qui se manifeste de différentes façons dans ces aspects.

Méthodologie

Les impressions partagées sur les différentes coops viennent d'entrevues réalisées avec plusieurs membres de chacunes des projets. Les différents aspects sont comparés à une revue de littérature assez large.

Arguments et concepts

Ce rapport de recherche ne se distingue pas tant par un argumentaire serré que par une présentation riche des différents aspects des coopératives, marqué d'un fort travail de lecture en amont.

Une des sections particulièrement intéressante pour le travail de recherche est la section sur l'autoexploitation, qui détaille quatre facettes de l'autoexploitation. Premièrement, une liste des formes par lesquelles l'autoexploitation se manifeste est présentée, soit le bénévolat, la surcharge de travail et la sous-rémunération. Le bénévolat est du travail consenti, mais qui constitue une somme non-négligeable de travail dans la plupart des entreprises étudiées. La surcharge de travail est le fait qu'il est difficile de cesser de travailler vu la pression continuelle et la sous-rémunération vient des travailleur·euse·s. Deuxièmement, le "ressort qui sous-tend cette sur-implication est idéologique: le travail s’apparente à une forme de militantisme « pratique » pour de nombreux travailleurs « engagés » qui trouvent là la principale source de leur motivation." (Canivenc, 2012 p. 154) Troisièment, les situations décrites montrent une "profonde dislocation des frontières spatio‐temporelles auparavant instituées entre le monde de l’entreprise et la vie privée qui va favoriser l’enchevêtrement des relations de travail et d’amitié." (Ibid, p. 156) Troisièmement, pour l'auteure, l'autogestion va à l'encontre de la libération des travailleur·euse·s. Elle cite: "En d’autres termes, la mobilisation autogestionnaire a conduit à travers tous ces sacrifices et cette bonne volonté à un accroissement du capital fixe des entreprises" (Meister, 1974, cité dans Canivenc 2012, p. 158). Ca serait la raison pour laquelle les gestionnaires se réapproprient l'idéologie autogestionnaire qui facilite la docilisation de la main-d'oeuvre. Le quatrième aspect explique la gestion particulière d'une coop qui travaille à la réorganisation d'entreprise, et tire des conclusions difficilement applicable à la réalité coopérative.

Les parties touchant à la société de l'information sont généralement correcte. Elles présente longuement les théories douteuse des années 2000s sur le numérique, comme l'autogestion numérique menant à la fin du capitalisme (p. 25-27), mais elle rattrape bien les choses des pages 38 à 45 en mentionnant les critiques propres à la société de l'information, sans toutefois mentionner les dynamiques internationales de répartition du travail intellectuel et manuel à une échelle globale (eg: le secteur de la finance à Montréal est beaucoup plus costaud qu'au Congo, parce que leurs mines sont gérées ici). Finalement, elle traite d'autres aspects importants des idéologies autogestionnaires dans le contexte information, le logiciel libre (p. 63 à 65). Les parties sur l'agilité sont probablement correcte, mais elle n'en fait pas de descriptions particulièrement lucide.

La partie limites organisationnelles présente une théorie de la dégénérescence autogestionnaire, et les solutions applicables pour résoudre le problème (p. 22-25, p. 175-183). L'argument n'est pas super convaincant, mais plusieurs limites de l'autogestion sont quand même présentée de même que des réponses.

De longues parties décrivent les mécanismes internes et possèdent un intérêt descriptif (p. 59-134).

Finalement, la revue de littérature contient plusieurs textes rarement présents pour présenter le concept d'autoexploitation:

  • GAGNON, Gabriel (1973). « Les voies de l’autogestion ». Dans GAGNON, Gabriel, MARTIN, Luc. Québec 1960­1980. La crise du développement. Matériaux pour une sociologie de la planification et de la participation. Montréal : Éditions Hurtubise HMH, p. 143‐156.
  • JOYAL, André (1989). « Les entreprises alternatives au Québec ». Dans LEVESQUE, JOYAL, CHOUINARD (dir.). L'autre économie : une économie alternative ? Presses de l'Université du Québec, Québec, 372 pages, p. 165‐184.
  • SEVIGNY, Marcel (2009). Et nous serions paresseux ? Résistance populaire et autogestion libertaire. Montréal : les Éditions Ecosociété, 215 pages.
  • MEISTER, Albert (1974), La participation dans les associations. Paris : Les Éditions ouvrières,

276 pages.