New Enclosures

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Référence : Collective, M. N. (1990). New Enclosures, Midnight Notes, 10. New York: Autonomedia.

Thèses et questions de recherche:

Thèse centrale : « the last decade has seen the largest Enclosure of the wordly Common in history » (p. 1)

Objectif de la recherche : démontrer la thèse énoncée ci-haut, tout en exposant parallèlement les différentes formes de résistances à ce processus de privatisation des communs. Le midnight note collective cherche à démontrer l'importance du processus d'enclosure passés et présents dans la lutte des classes. (p. 1)

Sous-thèses : selon la tradition marxiste, les enclosures ont été le point de départ de la société capitaliste. Ce processus aurait permis l'accumulation de capital nécessaire à la paupérisation de la population européenne, favorisant son intégration au marché du travail capitaliste. Contrairement à l'intérprétation marxiste orthodoxe, les membres du midnight notes collective considèrent que le processus d'enclosure n'est pas un évenement unique dans l'histoire du capitalisme, au contraire, ce processus est une composante structurelle de la lutte des classe et fait partie du processus d'accumulation capitaliste. Chaque fois que la classe ouvrière réussi à améliorer son rapport de pouvoir face au capital, ce dernier se voit forcé d'intégrer de nouveaux espaces, de nouvelles ressources et de nouvelles populations. (p. 1)

Aujourd'hui, les processus d'enclosure prennent forme à travers les guerres, les famines les épidémies et par les ajustements structurels imposés aux pays du sud (Asie, Afrique, Amérique Latine) par le FMI (p. 1).

« under the logic of capital accumulation in this period, for every factory in free-trade zone in China privatized and sold to a New-York commercial bank, or for every acre enclosed by a World Bank development project in Africa or Asia as part a "dept for equity" swap, a corresponding enclosure must occur in the U.S. and Western Europe [...] This mutual contraction of the "right to sunsist" in the third world, the socialist countries and in the U.S. is no accident. [...] Only if Filipino thrown off the land could be used in "free enterprise zones" in Manilla of as "shit" workers in Italy could capital reduce wages in thee U.S. or sustain chronically high unemployment rates in Europe.» (p. 2)

« these new enclosures, therefore, name the large-scale reorganization of the accumulation process which has been underway since the mid- 1970's. The main objective of this process has been to uproot workers from the terrain on which their organizational power has been built, so that like the African slaves transplanted to the Americas, they are forced to work and fight in a stange environment where the forms of resistance possible at home are no longer available » (p. 3)

Méthodologie: L'ouvrage semble organisé autour de différentes études de cas, allant du maine aux territoires palestiniens occupés, en passant par l'Afrique et l'Europe. (table des matières)

Arguments et concepts

The pentagon of enclosures

Les nouvelles (contemporaines) enclosures fonctionnent de façon similaires aux anciennes (période de transition du féodalisme au capitalisme): c'est-à-dire en 1) retirant le contrôle communal des moyens de subsistance, et 2) en s'appropriant des terres pour remboursement de dettes (principalement à travers les programmes d'ajustement structurels promus par le FMI et la Banque mondiale)(pp. 3-4). Les nouvelles enclosures favorisent par ailleurs 3) le déplacement de population entières pour répondre aux besoins du marché. Les auteur.es considèrent que la classe ouvrière est plus mobile qu'elle ne l'a jamais été dans l'histoire du capitalisme. Les nouvelles enclosures nécessitent également la chute des régimes socialistes, ne pouvant se priver de ces populations pour le marché du travail (p. 4). Le dernier aspect des nouvelles enclosures concerne la capacité de reproduction de l'espèce humaine: 5)la destruction du vivant engendrée par l'exploitation capitaliste est récupérée comme une nouvelle opportunité d'affaire pour le grand capital (pp. 4-5 ).

La force des nouvelles enclosure réside selon les auteur.es dans sa capacité à réupérer les désirs de la classe ouvrière, notament en déployant une énergie considérable pour faire sa propre promotion (p. 5)

The Spiral of Struggle

Les nouvelles enclosures sont, depuis la fin des années 1980, l'objet d'importantes contestations partout où les programmes d'ajustement structuraux sont imposés. Par exemple, l'Amérique latine a été le théâtre d'affrontements violents concernant le contrôle du territoire. Ces luttes prennent place dans les régions rurales, où des paysans affrontent des entreprises extractives, mais également en ville, où des squatteurs, des personnes itinérantes affrontent la police et les développeurs immobiliers afin de défendre non-seulement leur droit au logement, mais plus largement des milieux de vie, des territoires et tout ce qu'ils comportent (p. 5)

The Marxist Ghost at Midnight

Selon le collectif, une limite très importante de la théorie marxiste se situe dans son interprétation du phénomène des enclosures : « they were fundamentally a stage in the "progressive nature" of capitalist development as it prepares the material conditions for a communist society. The two decisive tendencies in this development are : (1) it breaks down local barriers and the separation of town and country, thus producing a truly universal human being capable of benefitting [sic] from the worldwide production of cultural and material wealth, and (2) it unifies the international working class which increasingly recognizes and acts on its common interest. Consequently, for all the pain and death, the "blood and fire" of the Old Enclosures, they were inevitable, and ultimatly historically positive ». Le principal problème avec cette analyse est qu'elle ignore le fait que la majorité des processus d'enclosure ne conernent pas uniquement la propriété privée, au contraire, la majorité des ressources qui sont privatisées étaient précedemment communes, des espaces communaux, qui sont une source d'énergie très importante pour la classe ouvrière (p.6).

« It is plain madness to accept the demise of such villages, tracts of land, neigborhoods and towns as necessary and ultimatly progressive sacrifices to the destruction of capitalism and the development of truly "universal" proletarians » (p. 6)

The Greening of the Deal p. 8

Les luttes écologistes ont posé des obstacles aux new enclosures, par le biais d'actions directes (sabotage, blocages, etc). Toutefois, les auteur.es soulignent que les mouvements écologistes n'ont pas réussi à rejoindre les classes ouvrières, ce qui limite grandement leur capacité à s'opposer à la machine de destruction capitaliste(p. 8). Par ailleurs, les luttes écologistes contemporaines abordent l'environnement comme une ressource à protéger, plutôt que de la concevoir comme un terrain d'affrontement de la lutte des classes (p. 8).

Chapitre 2 : The debt crisis, Africa and the New Enclosures

Selon le midnight note collective, malgré la colonisation européenne, les droits d'usages communaux sont encore en vigueur, et les villages sont la base reproductive de la classe ouvrière africaine : « Yet to this day at least 60% of the African population lives by subsistance farming, done mostly by women. Even when urbanized, many Africans expect to draw some support from the village, as the place where one may go get food when on stike or unemployed, where one think of returning in old age, where if one has nothing to live on, one may get some unused land to cultivate from a local chief or a plate of soup from neighbors and kin » (p. 11).

Les programmes d'ajustement structurels ont visé à intégrer les populations africaines au marché mondial, sensiblement de la même manière que pendant les périodes coloniales : production de biens pour les marchés extérieurs, achat de biens sur les marchés internationaux, aux prix internationnaux, alors que la valeur réelle des salaires a chuté suite aux PAS et à la dévaluation des monnaies africaines (p. 13). Les agences internationales telles que la banque mondiale et le FMI agissent en Afrique comme les nouvelles élites coloniales, la dette des pays comme épée de damoclès les obligeant à répondre aux exigences du FMI (p. 13).

« For according to the statistics gathered by international agencies, most people in Africa ought to be dead, since their capita income is far below subsistance. But they are not dead. On the contrary, Africa is one of the liveliest places on the planet. The main reason for this contradiction is the immense subsistence productivity of African commons. The debt crisis is capital's methodical attempt to destroy this productivity of life and substitute a productivity of surplus value » (p. 15)

Chapitre X Land, Wealth, and self-determination in the lower east side

Ce chapitre s'intéresse au « squatter's movemement » du lower east side de manhattan, une lutte qui s'est organisée dehors des institutions officielles. L'objectif de ce texte est de contribuer à documenter les luttes entourant le territoire, la richesse et l'autodétermination dans ce quartier. La marjorité de l'article est dédié à une entrevue menée avec deux militant.es ayant participé à ce mouvement de squatteurs (p. 64)

L'auteur.e considère que ce genre d'initiative « is in itself a rebuke to the New Enclosures,since it represents the coming toghether of proletarians who have at last found in their journeys both the space for new relationships and a place to defend and enlarge them ». Par ailleurs, l'auteur considère que ces luttes ont émergées à la suite de nouvelles enclosures dans la ville de new york, sous la forme de mesures d'austérité, par exemple l'augmentation des tarifs pour les transports en communs, des augmentations de loyers forçant l'exil de nombreux.ses habitant.es de la ville, et d'importantes coupures dans les services publics. Ces mesures d'austérité ont vues le jour vers la fin des années 1970 en réaction aux importants mouvements sociaux des années 1960 et 1970(p. 64).

L'auteur.e réfère à des émeutes ayant eu lieu en 1977, qui auraient motivé les élites politiques à accélérer la destruction de certains quartiers considérés comme des noyaux de résistance. L'auteur.e utilise le concept de « spatial deconcentration » pour désigner les efforts de l'État pour isoler économiquement et finalement étouffer des ghettos qui sont considérés comme des espaces d'organisation politique (p. 64)

voir ici sur wikipédia (funny story, on devrait le hip hop à ces émeute): 
https://en.wikipedia.org/wiki/New_York_City_blackout_of_1977

Dans un quartier majoritairement occupé par une communauté latino, avait vu 70% de ses habitant.es évincées, et 3400 unités locative détruites. L'organisation de ce quartier est demeurée peu visible jusqu'en juillet 1988, où un couvre-feu imposé par la ville a entrainé des émeutes au Tompkins square parc. Selon l'auteur.e, ce conflit illustre l'adoption des pratiques des squatteurs par la population itinérante du quartier. (p. 64)

https://en.wikipedia.org/wiki/1988_Tompkins_Square_Park_riot

L'un.e des militant.es interviewée est issue des milieux religieux, et une bonne partie de l'article discute de l'articulation entre les luttes anti-capitalistes et les mmouvements inspirés de la théologie de la libération, et des interprétations communistes de la bible. (autout des pages 68 et 69)

Cette meme personne souligne que de nombreuses initiatives d'autogestion de la communauté ont été dépolitisées suite à leur financement public : « And so what the government did, it came in and said, well here is some money. You know, just apply, we'll give you money, we'll fix your place up, we'll give you bathrooms, bla bla bla. And then you have to have a president, and a vice-president and, they will become the leaders of the center. These people have to funtion in the particular way. Just by the fact of accepting their form of organization with these rules, you've destroyed the collectivity. [...] This is the main thing it destroyed - your organization, your cooperative organization. [...] It just destroyed anything left of the struggle of the lower east side (p. 70).

Autre réflexion intéressante : MN collective souligne que certaines critiques du mouvement des squatts affirment que les militant.es sont majoritairement des personnes blanches de classe moyenne qui sont étrangers au quartier. L'un.e des militant.es interviewée affirme que ces critiques sont infondé.es, que les militant.es blanc.hes qui militent avec elleux sont généralement très conscient.es des dynamiques raciales, et qu'iels s'intègrent plutot bien à la population majoritairement portoricaine du quartier. Ces réflexions font écho aux mobilisations anti-racistes contemporaine, où des actions considérées violentes sont attribuées à des agitateurs extérieurs

voir https://contrepoints.media/posts/perspectives-danarchistes-noires-et-racisees-sur-la-manifestation-du-31-mai-pour-les-victimes-de-racisme-policier-a-tiotia-ke-montreal-9-propositions-pour-la-suite


Conclusion critique

J'avais envie d'aller le lire, parce que c'est l'ouvrage qui a pas mal influencé la conceptualisation des enclosures comme une structure, et non comme un évenement. C'est autour de ce genre d'analyse qu'ont émergées les concepts de communs anti-capitalistes de Federici. C'est un peu décevant, (en même temps, c'est cohérent avec la période pendant laquelle ça été écris) l'ouvrage s'intéresse vraiment plus à l'enclosure d'espaces non-capitalistes qu'à leur création...