The Commons

De Projet de recherche sur l'auto-exploitation collective
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Référence : De Angelis, M. et Harvie, D. (2013). The Commons. Dans M. Parker, G. Cheney, V. Fournier et C. Land (dir.), The Routledge Companion to Alternative Organization (p. 280 294). Routledge. Récupéré de https://www.routledge.com/The-Routledge-Companion-to-Alternative-Organization/Parker-Cheney-Fournier-Land/p/book/9780415782265

Thèses et questions de recherche

Thèse centrale : Les auteurs remettent en question la conception de l’accumulation primitive comme étant un événement isolé dans l’histoire. Au contraire, ils considèrent que ce processus de privatisation est un processus continu, une interprétation qui ouvre la possibilité que les communs existent encore. Les auteurs s’intéressent également aux théories favorisant la suppressions des communs, pour les réfuter en mobilisant deux traditions intellectuelles qui proposent des manières d’assurer la reproduction et l’expansion des communs. Finalement, les auteurs proposent, en s’intéressant à la relation entre le capital et les communs, que ceux-ci sont nécessaire au capitalisme dans le contexte actuel de crise, mais qu’ils incarnent également la base pour un mode d’organisation social anticapitaliste (pp. 1-2)


Méthodologie

Discussion très théorique, ou les auteurs mettent en dialogue différentes traditions intellectuelles afin de proposer une interprétation du processus d’enclosure et son rapport aux communs contemporains   Arguments et concepts

“Letters of blood and fire”: enclosure, the flipside of commons

Selon les interprétations marxistes traditionnelles, le concept d’accumulation primitive désigne le processus historique ayant mis en place les conditions nécessaires pour le développement d’un mode de production capitaliste. Ces conditions sont 1) la création d’une force ouvrière; 2) l’accumulation de capital qui pourra être utilisé par les industries naissantes. La définition du capital offerte par Marx, qui le considère comme une relation sociale permet une autre interprétation : la relation capitaliste est possible grâce à la séparation complète entre le travailleur et les moyens de production. Ainsi, le processus d’accumulation primitive correspond au processus historique séparant les producteurs de leurs moyens de production (p. 2)

Les auteurs considèrent que les interprétations marxistes traditionnelles sont problématiques théoriquement, et politiquement. Théoriquement, le cette interprétation est problématique parce qu’elle empêche de constater les dynamiques d’accumulation primitive encore à l’œuvre aujourd’hui. Politiquement, cette interprétation rend beaucoup plus difficile la proposition d’alternatives : « Marxian-inspired thinking frequently cannot connect the intellectual and political endeavours to shape alternatives in the here and now because it’s framework is for another “ism” projected into an unqualified future and generally defined by a model of power that needs a political elite to tell “the masses” why power cannot be exercised from the ground-up stating from the now » (p. 3). Dès les années 1990, le collectif Midnight Notes proposait d’interpréter le processus de privatisation imposé par les programmes d’ajustement structurels comme une nouvelle forme d’enclosure (p. 3).

“The tragedy of the commons”: in defense of enclosure

Les auteurs s’intéressent aux traditions intellectuelles prônant les enclosures et la privatisation. L’une des principales contributions à ces théories concerne la « tragédie des communs ». En 1968, Garret Hardin publiait un article dans lequel il affirmait qu’une possession commune d’un territoire ne pourrait que mener à un problème d’épuisement des ressources, puisque chaque individu y ayant accès chercherait à y maximiser son rendement. Il y écrit : « Therein is the tragedy. Each man is locked into a system that compels him to increase his herd without limit – in a world that is limited. Ruin is the destination toward which all men rush, each pursuing his own best interest in a society that believes in the freedom of the commons. Freedom in a commons brings ruin to all ». Hardin suggère de remplacer les droits collectifs aux communs par des droits de propriété privé, ou par l’intervention directe de l’État (p. 4).

From tragedy to comedy: the scholarly rehabilitation of the commons

La réhabilitation théorique du concept de communs est en grande partie dû aux travaux de l’association internationale pour l’étude de la propriété collective, dont Elinor Ostrom est l’une des principales figure de proue. Selon celle-ci, le model proposé par Hardin est un cas d’accès ouvert, qui se distingue des communs. En effet, les communs sont généralement caractérisés par une certaine restriction au n niveau du membership, et se démarque ainsi des espaces en libre accès (p. 5).

Ostrom suggère 8 règles permettant de rendre les communs durables (p. 6)

1. Une restriction du nombre d’utilisateurs et une délimitation du bien commun

2. Cohérence des règles d’utilisation avec les conditions locales

3. Structures décisionnelles collectives

4. Surveillance des utilisateurs et des ressources

5. Des sanctions graduelles appliquées lorsque les règles d’utilisation ne sont pas respectées

6. Des mécanises de résolution de conflits

7. Reconnaissance des droits des utilisateurs par les autorités

8. Différentes échelles de gouvernance

Le concept de communs désigne les ressources pour lesquelles les gens n’ont pas à débourser pour accéder ou pour utiliser. Cet accès est limité par un ensemble de règles et d’institutions qui visent à limiter la surexploitation des ressources (p. 7)

From peer to peer: the creation of the “information commons”

Plus récemment, on observe une tendance à considérer les biens immatériels comme l’information et la connaissance comme des communs. Ces biens sont non-rivaux et lorsque leur accès est limité, ce n’est que par construction humaine, généralement des pressions à la privatisation qui opèrent à travers des politiques étatiques de « propriété intellectuelle ». Capital’s common fix versus commoning

Le prix nobel d’économie accordé à Elinor Ostrom est un indice qu’un changement de paradigme est à l’œuvre dans les sciences écononomiques. Si ce changement peut être perçu comme un gain, dans la mesure où les travaux portant sur les communs prennent une place de plus en plus importante dans les débats mainstream, on peut aussi le considérer comme étant un changement de paradigme se situant à l’intérieur des stratégies de gestion des relations sociales capitalistes. Les auteurs considèrent que le capitalisme est arrivé au bout de ses « fixs » habituels, ceux-ci ne faisant qu’aggraver la crise sociale et environnementale en cours. (p. 9). Ainsi, afin d’assurer sa reproduction, le néolibéralisme pourrait se voir obligé d’intégrer les communs (De Angelis 2012. La relation entre les communs et le capital est ambigue. En effet, leur codépendance et coévolution rend difficile l’identification de celui qui utilise l’autre. Des travaux portant sur les communs tendent à démontrer que les communs peuvent contribuer à réduire les coûts de reproduction du capital, mais qu’en devenant trop performants, ils mettent en péril la dépendance des travailleurs à l’égard du capital. Si le processus de privatisation et la récupération des communs est une caractéristique fondamentale du capitalisme, il n’en demeure pas moins que les communs peuvent incarner une base pour articuler une organisation collective indépendante du capital et de ses lois (p.10). Par ailleurs, l’ampleur de la crise actuelle (alimentaire, sanitaire, en éducation, etc) et l’incapacité des États et des marchés à répondre à cette crise rend la production de communs une nécessité.

La théorie des communs d’Ostrom est limitée, dans la mesure où elle ne permet pas de réfléchir la lutte nécessaire à la mise en place et à l’expansion des communs. Les auteurs considèrent que les exemples de luttes entourant la création de communs sont nombreux (p. 11).

« Hence, there a double impasse, for both capital and anti-capitalist social movements. Capital needs the commons in order to deal with the crisis as much as social movements need to confront not only capital’s enclosures of commons, but also its attempts to co-opt commons – and to create new, non-capitalist worlds on the basis of commons. We can thus understand commons as a crucial terrain of antagonistic struggle, not as a resource that may or may not be depleted by the actions of competing individuals, but as the site upon which alternative value practices clash. In spite of capital’s strategies to deploy a commons fix to its problems, commons may well be part of a different historical development. Capital may in fact help conjure up social powers that will destroy it: in fact, the spectre of commonism may already be haunting the globe (pp. 11-12).

4 – Conclusion critique